Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ouvriers eurent la plus grande peine pour parvenir à rompre la maçonnerie : il nous fallut employer pluſieurs jours, avec des coins & maſſes de fer, outre les outils que nous faiſions ſans ceſſe reforger ; nous caſſions plutôt la pierre que le mortier. Cependant cette maiſon n’avoit été bâtie à neuf qu’en 1740, & nous fîmes cette ouverture en 1760. »

D’où venoit donc l’extrême dureté de ce mortier dans le court eſpace de vingt années ? C’eſt certainement parce que l’air n’avoit pu ſurprendre la maçonnerie dans cette cave ; ſa lente deſſication & la preſſion de ce mur qui montoit cinq étages, avoient rendu ſon mortier très-dur & plus dur que les pierres.

Ainſi la nature met une infinité de ſiècles à former des corps durs, & l’art peut nous les fournir dans quelques années.

Je diſtinguerai deux eſpèces de maçonnerie : l’une faite avec les pierres plates que l’on tire des carrières & où l’on ajoute pour les lier, un mordant fait avec la chaux & le ſable qu’on nomme mortier ; l’autre s’exécute avec toute eſpèce de pierres brutes que l’on jette ſans beaucoup de précaution dans le mortier : c’eſt ce qu’on appelle blocage.

La première ſe fait avec ordre, en taillant les pierres groſſièrement, en les arrangeant au long d’un cordeau, & en y étendant des couches de mortier fort minces ; mais le blocage embarraſſe moins. S’il coûte beaucoup de mortier, il épargne auſſi les pierres plates & le taillage des brutes, car toutes lui ſont bonnes ; on peut même y employer leurs débris & les cailloux : cet ouvrage exige néceſſairement un moule ou encaiſſement dans lequel on forme le mur, paries formaceus, muraille de forme.

Ces deux manières de bâtir ſont également inté-