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MÉMOIRES D’AIMÉE DE COIGNY.

crut en avoir besoin, aucune cajolerie, aucun ordre ne purent le ramener. Napoléon, convaincu que la considération dont M. de Talleyrand jouissait dans les pays étrangers pouvait lui être utile, lui offrit de reprendre le portefeuille des affaires étrangères. L’ancien ministre, en le refusant, lui dit :

— Je ne connais point vos affaires.

— Vous les connaissez ! reprit Napoléon en courroux, mais vous voulez me trahir.

— Non, repartit M. de Talleyrand, mais je ne veux pas m’en charger, parce que je les crois en contradiction avec ma manière d’envisager la gloire et le bonheur de mon pays.

Telle était la position, en 1812, de M. de Talleyrand. Pourquoi s’est-il mêlé des affaires publiques dans les temps révolutionnaires ? dira-t-on peut-être. Parce qu’il a vécu dans ces temps-là ; que ses talents, son esprit le poussaient aux premiers emplois ; que son amour pour son pays trouvait à s’exercer plus utilement en mettant la main à la manœuvre pendant la tempête qu’en les levant au ciel pour l’implorer comme ont pu faire les purs, c’est-à-dire les fainéants du siècle. Ces bras élevés au ciel pendant le danger n’ont