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fut de cinquante-huit chevaux. Nous eûmes le bouquet de la foire ; ces messieurs étaient contents de leur voyage, et tout fut réglé dans deux jours. Et en route pour Coulommiers, où nous arrivâmes sans accidents.

C’est là que je fus mis à l’épreuve pour dresser tant de chevaux. Au bout de deux jours on les met au manège : vingt par jour avec des caparaçons sur le nez. Comme ils faisaient des sauts ! on finit par les réduire et les rendre dociles. Pas un jour de repos, pendant un mois de manège. Et puis, au char à bancs, au cabriolet, à la selle. Comme ils s’allongeaient sur la paille ! ils dormaient comme un pauvre qui a sa besace pleine de pain. Nous les menions dans les plaines, et ils étaient sots dans les terres labourées ; je montais sur l’un, sur l’autre ; je tenais la discipline sévère avec tous ces gaillards-là. Je corrigeais les mutins et flattais les dociles. Cette manœuvre dura deux mois sans relâche ; j’étais fatigué, j’avais la poitrine brisée, j’en crachais le sang, mais j’en vins à bout à mon honneur.

M. Potier écrivit à ces gros matadors de Paris que ses chevaux étaient prêts. Au lieu de répondre, ils arrivent avec de belles calèches et des domestiques tout galonnés. « On met leurs chevaux à l’écurie ; M. Potier, le chapeau bas, les conduit au salon et madame paraît. Comme elle avait un port majestueux !