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montrerai à semer, je lui donnerai mes trois chevaux. »

J’arrive le soir de porter des invitations à trois lieues, et je rapportais les réponses. Je me mis à table : monsieur et madame me firent des questions sur les personnes à qui j’avais remis les lettres. Je répondis que partout l’on avait voulu me faire rafraîchir, que je n’avais rien pris ; je vois tous les domestiques qui me regardent.

Le premier laboureur dit à table : « Jean, si vous voulez, je vous mènerai avec moi demain ; je vous ferai faire un sillon avec ma charrue. — Ah ! vous me faites bien plaisir, mon père Pron (c’était le nom de ce brave homme) ; si monsieur le permet, je partirai avec vous. — Non, dit M. Potier, nous irons ensemble. »

En route, monsieur me dit que ce brave homme s’était offert de me montrer de tenir la charrue et il ajoutait : « Il faut en profiter, car c’est le plus fort de notre pays. »

Une fois arrivés : « Voilà votre élève, dit monsieur, tâchez d’en faire un bon laboureur. — Je m’en charge, monsieur. — Voyons, faites-lui faire un enrayage.

Voilà le père Pron qui dresse sa charrue et place ses trois chevaux sur une ligne droite, et me fait prendre des points de vue très loin, et des points intermédiaires de place en place. Il me dit : « Regardez entre les deux oreilles de votre