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« Habillez-vous proprement. Voilà un mouchoir et une cravate. Elle a la bonté de m’arranger. » « Allez, mon petit garçon, vous voilà propre ! » Comme j’étais fier : je présentai le cheval à mon maître, et je tins l’étrier. (Cela l’a flatté beaucoup devant ces messieurs, car il me l’a dit depuis.) Les voilà tous trois à cheval. Je suivais en arrière, plongé dans mes petites réflexions. Arrivés à une belle ferme, on met nos chevaux à l’écurie, et moi je me tiens dans la cour à voir ces belles meules de blé et de foin ; un domestique vient me chercher pour me faire mettre à table. Je refusai, disant : « Je vous remercie. » Le maître de la maison me prend par le bras et dit à mon maître : « Faites-le mettre à table près de vous. »

Je n’étais pas à mon aise ; enfin je mangeai du premier plat servi, et je me levai de table. « Où allez-vous ? me dit le maître de la maison.

— M. Potier m’a permis de me retirer. — C’est différent. »

J’étais flatté de me voir à une table servie comme celle-là. Je me la rappelle toujours. Mme  la fermière, après le dîner, m’invite à voir sa laiterie. Je n’ai jamais rien vu de si propre : des robinets partout. « Tous les quinze jours, me dit-elle, je vends une voiture de fromages. J’ai quatre-vingts vaches ! »

Elle me ramène au réfectoire pour me faire voir sa batterie de cuisine ; tout était reluisant