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lièvre ! le renard n’attrapera pas le lièvre ! » Et, en effet, il ne put l’attraper ; aussi on se moqua de lui, et l’on rit d’autant plus que le capitaine était le plus excellent homme, estimé et chéri de tous ses soldats.

Préliminaires de la bataille d’Eylau. (Voir page 200, ligne 18.) — Cette montagne forme une espèce de pain de sucre à pentes très rapides ; elle avait été prise la veille ou l’avant-veille par nos troupes, car nous trouvâmes une masse de cadavres russes étendus çà et là dans la neige et quelques mourants faisant signe qu’ils voulaient être achevés. Nous fûmes obligés de déblayer le terrain pour établir notre bivouac. On traîna les corps morts sur le revers de la montagne et l’on porta les blessés dans une maison isolée située tout au bas. Malheureusement, la nuit vint, et quelques soldats eurent si froid, qu’ils s’imaginèrent de démolir la maison pour avoir le bois et se chauffer. Les pauvres blessés furent victimes de cet acte de frénésie, ils succombèrent sous les décombres. L’Empereur nous fit allumer son feu au milieu de nos bataillons ; il nous demanda une bûche par chaque ordinaire. On s’en était procuré en enlevant les palissades qui servent l’été à parquer les bestiaux. De notre bivac, je voyais parfaitement l’Empereur, et il voyait de même tous nos mouvements. À la lueur des bûches de sa-