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aussi riche que celui du tambour-major de la garde. Il obtint pour moi la permission de quitter le camp, m’emmena à Boulogne et me paya à dîner. Le soir, je le quittai pour rejoindre Ambleteuse. J’étais seul ; je rencontrai en route deux grenadiers de la ligne qui voulurent m’arrêter. En ce moment, les soldats de la garde étaient exposés à de fréquentes attaques. Il y avait au camp de Boulogne ce que nous appelions la compagnie de la lune ; c’étaient des brigands et des jaloux qui profitaient de la nuit pour dévaliser ceux d’entre nous qu’ils surprenaient isolés, pour leur piller leur montre et leurs boucles d’argent, et pour les jeter à la mer. On fut obligé de nous défendre de revenir la nuit au camp sans être plusieurs de compagnie.

Pour moi, je me tirai d’affaire en payant d’audace. J’avais mon sabre et sept ans de salle. Je dégaine et je défie mes adversaires. Ils crurent prudent de me laisser passer mon chemin ; mais si j’avais faibli, j’étais perdu, et le dîner de mon tambour-major m’eût coûté terriblement cher.

Variante du récit de la bataille d’Austerlitz. (Voir page 174.) — Contrairement à l’habitude, l’Empereur avait ordonné que les musiciens restassent à leur poste au centre de chaque bataillon. Les nôtres étaient au grand complet