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d’un soldat qui a fait son devoir et qui écrit sans passion. Voilà ma devise : l’honneur est mon guide.

Maintenant qu’il me soit permis de parler aux pères de famille qui me liront. Qu’ils fassent tous leurs efforts pour faire apprendre à leurs enfants à lire et à écrire, et pour les amener au bien : c’est le plus bel héritage et il est facile à porter. Si mes parents m’avaient gratifié de ce don précieux, j’aurais pu faire un soldat marquant, mais il ne faut pas injurier ses parents. À 33 ans, je ne savais ni A ni B ; et là ma carrière pouvait être ouverte si j’avais su lire et écrire. Il y avait chez moi courage et intelligence. Jamais puni, toujours présent à l’appel, infatigable dans toutes les marches et contre-marches, j’aurais pu faire le tour du monde sans me plaindre. Pour faire un bon soldat, il faut : courage dans l’adversité, obéissance à tous ses chefs, sans exception de grade. Qui fait aussi le bon soldat, c’est le bon officier. Je termine mes souvenirs le 1er  juillet 1850.

Fait par moi.

Jean-Roch COIGNET.