Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/500

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dit-on, pour la garde nationale d’Auxerre ; il fut apporté par le duc d’Orléans. Toute la garde nationale des campagnes arriva pour cette grande cérémonie ; le prince descendit au Léopard, et il fallut une garde d’honneur : les pompiers, les chasseurs, les grenadiers et le drapeau (c’était de rigueur). Il fallut passer la nuit, les pieds dans l’eau, et avoir pour corps de garde l’écurie ; personne ne tint compte de nous, nous passâmes la nuit à grelotter, couchés sur le fumier. Voilà la prévoyance des autorités d’Auxerre pour les citoyens. Si un bataillon de troupe de ligne avait été à notre place, les chefs ne les auraient pas laissés dans un pareil état ; le lendemain, il fallut reporter le drapeau à l’Hôtel de ville. Je profitai de cette occasion pour passer chez moi, et déjeuner le plus vite possible pour rejoindre mon poste. J’eus tout le temps de me reconnaître ; il fallut placer tous les gardes nationaux des campagnes dans la grande allée de l’Éperon à droite. Lorsque tous furent placés, on fut prévenir le duc d’Orléans ; je fus à mon poste pour recevoir le drapeau. Le prince arrive à cheval, le portant lui-même ; il s’arrête devant moi. Je lui dis : « Prince, vous remettez ce drapeau dans les mains du soldat qui a été décoré le premier, le 14 juin 1804, au dôme des Invalides, par les mains du premier Consul. »

Le prince répondit : « Tant mieux, mon