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C’était un désert, mais en un an il changea de face ; j’y dépensai 600 francs ; j’y faisais trembler la pioche et la bêche ; j’en fis mon Champ d’asile.

Dans mon jardin j’étais à l’abri des espions, j’en fis mes délices, celles de ma femme ; je lui dois ma belle santé ; j’abandonnai tout le monde (je dois dire que je voyais des persécuteurs partout). Depuis 30 ans que je cultive mon champ de retraite, je n’ai pas passé deux jours sans aller le voir, et par tous les temps, toujours accompagné de ma femme. Combien je jouissais chaque jour de ma trouvaille ! Je plantais des arbres, j’en réformais ; je laissai l’allée principale un peu étroite, mais que je ne pouvais changer à cause de ses beaux arbres. Je fis un joli parterre et trois berceaux ; je plantai des quenouilles qui ont 25 pieds de haut ; il est rare d’en voir de pareilles.

Lorsque tout fut terminé, on vint me visiter ; on venait voir le vieux grognard, toujours habit bas et pioche à la main, qui était heureux d’avoir un coin de terre.

J’eus le bonheur de devenir père d’un garçon qui faisait toute mon espérance ; mais je le perdis à l’âge de 14 ans. Cela brisait toutes mes joies.

En 1818, je fis dans mes vignes de Mouffy une bonne récolte ; je vendis pour 1,000 francs de vin qui bouchèrent un trou de mes dettes.