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Tout fut convenu, je fus de suite chez M. Rivolet le prier de me prêter 80 francs pour acheter un châle que je portai aussitôt à ma future ; elle fut enchantée. J’allai ensuite chez M. More lui faire part de mon mariage : « Avec qui vous mariez-vous ? — Avec votre cousine, Mlle Baillet. — C’est elle que je vous aurais choisie, mon brave ; je vous offre mes services. — Je pourrais en avoir besoin. — Comptez sur moi. »

Je passai aussi chez M. Labour : « C’est vous qui êtes cause de mon mariage avec votre amie ; vous m’avez donné l’éveil ; sans vous, on aurait pu me la souffler. — Combien nous sommes heureux de vous en avoir parlé. »

Ce n’était pas tout cela qui me tourmentait le plus ; il fallait aller à confesse. Je prends des renseignements : « Il faut vous adresser à M. Lelong, me dit-on, c’est un brave homme. »

Je vais de suite chez lui : « Monsieur, lui dis-je, je vous ai choisi pour me marier. — Mais êtes-vous confessé ? — Pas du tout, c’est pour cela que je viens près de vous. Que peut-on demander à un militaire ? J’ai fait mon devoir. — Eh bien, je vais faire le mien. » Il met ses deux genoux sur le bord d’une chaise, marmotte une petite prière, et, quittant sa chaise, il me donne sa bénédiction qui en valait bien une autre, avec mon billet de confession : « Vous direz à l’abbé Viard que c’est moi qui vous marie. Qui épousez-vous ? — Mlle Baillet. — Ah ! me dit-il,