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votre procès est rendu ; ils sont condamnés chacun à 1,500 francs de dommages-intérêts ; je suis nommé pour vous faire restituer votre bien. Il faut que tous ceux qui ont de votre bien se désistent, et le notaire de Courson fera les actes de désistement à leurs frais ; je vais leur assigner le jour, j’ai tous les noms, ils sont dix-sept ; cela ne vous regarde pas ; je vous dirai le jour et nous partirons, vous et votre frère. Mon frère sautait de joie : « Voilà 17 ans, disait-il, qu’ils me font donner de l’argent ! » Le jour indiqué, nous partîmes pour Mouffy, accompagnés de M. Marais, pour nous installer dans notre petit bien qui n’en valait pas la peine, car il nous coûtait 1,000 francs de plus que sa valeur ; mais nous avions gagné.

Lorsque ces malheureux se furent désistés, nous rentrâmes à Auxerre ; mon frère dit à M. Marais : « Tenez votre mémoire prêt, je vous payerai de suite, car mon frère n’a pas le sou. » Les frais se montèrent à 1,800 francs, et nous avions pourtant gagné. Voyant cette note, je fis un peu la grimace, mais je ne dis mot. Pauvres plaideurs, comme on vous plume ! Cette affaire réglée, nous partîmes pour Druyes, notre pays natal, dans un beau cabriolet pour assister à la vente des biens de nos débiteurs. Je convins avec mon frère de ne pas dépouiller notre père, qu’il fallait lui laisser, sa vie durant, tout ce qu’on devait vendre pour couvrir notre somme. Après