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Messieurs, elles sont bonnes. — Nous n’en voulons pas. — Eh bien, leur dis-je, si je vous les faisais manger confites dans mon ventre pendant 24 heures, que diriez-vous ? et si je vous faisais faire le tour de la ville avec un fouet de poste ? Ça ne vous va pas ? il faudrait pourtant en passer par là. Vous m’avez compris, ça suffit ! je vous attends sous l’orme. »

Mais j’attendis en vain ; j’avais affaire à des plats d’étain qui ne peuvent supporter le feu. Le vieux capitaine me serra la main.

Je reçus l’invitation de me présenter tous les dimanches chez le général, pour assister à la messe comme mes camarades, et de là chez le préfet ; c’était l’étiquette du jour, il fallait se faire voir. Comme nous étions beaucoup d’officiers, le salon du général se trouvait plein ; moi, je formais l’arrière-garde, je restais dans l’antichambre ; je me donnais garde d’aller faire ma courbette, j’avais été trop bien reçu. Enfin, au bout de plusieurs dimanches, je fus aperçu par le général, qui tournait le dos à son feu ; me voyant, il m’appelle : « Capitaine ! approchez, mon brave. »

J’arrive chapeau bas : « Que me voulez-vous, général ? — Je fais en ce moment un tableau pour porter les officiers qui veulent reprendre du service ; j’ai ordre de les désigner. Si vous voulez, je me charge de vous faire avoir une compagnie de grenadiers. — Je vous remercie,