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me rappelle de vous en 1804, vous logeâtes chez mon père. — C’est vrai, mon ami ; mais 60 francs c’est bien dur ; je n’ai que 73 francs par mois. — Il faut renvoyer votre domestique, mon garçon d’écurie pansera vos chevaux ; avec 8 francs par mois, vous en serez quitte. — Je vous remercie, lui dis-je, je suis content. » Me voilà donc installé chez cet excellent homme.

Le 7 janvier 1816, je fus chez le général Boudin : « Général, me voilà rentré sous vos ordres. Le maréchal Macdonald m’a donné une permission de quinze jours pour aller à Paris vendre mes chevaux. — Je vous défends de sortir d’Auxerre. — Mais, général, j’ai la permission. — Je vous répète que je vous défends de sortir de la ville. — Mais, général, je n’ai point de fortune. Comment vais-je faire pour les nourrir ? — Cela ne me regarde pas. — Quel parti prendre ? — Laissez-moi tranquille ! Si vous ne pouvez pas les vendre, il faut leur brûler la cervelle. — Non, général, je ne le ferai pas ; ils mangeront jusqu’à ma vieille redingote et je ne leur ferai point de mal ; j’en ferais plutôt cadeau à mes amis. » Je pris congé et me retirai bien consterné, mais je ne m’en vantai pas et gardai le silence le plus absolu. Rentré dans mon logement, je renvoyai de suite mon domestique, mais ce n’était que le prélude. Je ne me doutais pas que j’étais sous la surveillance de tous les dévots de la vieille