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prit son calepin et écrivit. Il me dit son nom : Boray ou Bory. Il prit à droite du côté des buttes Saint-Chaumont où se trouvait la vieille garde, et moi je rentrai au quartier général avec mon cheval en main, bien fier de ma capture. Tout le monde de me regarder ; un officier me demande d’où vient ce cheval : « C’est un cheval qui a déserté et qui a passé de notre côté ; je l’ai agrafé en passant. — Bonne prise », dit-il.

Arrivé à mon logement, je fis donner l’avoine à mes chevaux, et vérifiai ma capture ; je trouvai un petit portemanteau avec du beau linge et les choses nécessaires à un officier. Je fis desseller ce cheval et je le vendis ; comme j’en avais trois, cela me suffisait. Je fus à l’état-major prendre un air de bureau ; je trouvai beaucoup de monde près du maréchal : les uns sortaient, les autres arrivaient ; toute la nuit ce ne fut que conférences. Le lendemain, 1er juillet, nous eûmes l’ordre de nous porter au midi de Paris, derrière les Invalides, où l’armée se réunit dans de bons retranchements. Je m’y rendis après avoir été prendre les ordres de mon général ; il me fit partir avec son aide de camp et ses chevaux : « Partez, dit-il, Paris est rendu ; l’ennemi va en prendre possession. Ne perdez point de temps ; tous les officiers doivent sortir de Paris ; vous seriez arrêtés. Allez rejoindre l’armée qui se réunit du côté de la barrière