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fusil, et nous, nous avons l’arme au bras, nous sommes trahis, capitaine. — Non, mes enfants, vous recevrez des ordres ; prenez patience. — Mais on nous défend de tirer. — Dites-moi, mes braves soldats, je voudrais passer la ligne. Je vois là-bas un officier prussien qui fait ses embarras ; je voudrais lui donner une petite correction. Si vous me permettez de passer, ne craignez rien de moi, je ne passe point à l’ennemi. — Passez, capitaine. »

Je vois derrière moi quatre beaux messieurs qui m’abordent ; l’un d’eux vient près de moi et me dit : « Vous venez donc sur la ligne en amateur ? — Comme vous, je pense. — C’est vrai, me dit-il, vous êtes bien monté. — Et vous de même, Monsieur. » Les trois autres appuyèrent à droite : « Que fixez-vous là, me dit-il encore, sur la ligne des Prussiens ? — C’est l’officier là-bas, qui fait caracoler son cheval ; je voudrais aller lui faire une visite un peu serrée ; il me déplaît. — Vous ne pouvez l’approcher sans danger. — Je connais mon métier, je vais le faire sortir de sa ligne et le faire fâcher, si c’est possible. S’il se fâche, il est à moi. Je vous prie, Monsieur, de ne pas me suivre ; vous dérangeriez ma manœuvre. Retirez-vous plutôt en arrière. — Eh bien ! voyons cela. »

Je pars bien décidé. Arrivé au milieu des deux lignes, il voit que je marche sur lui ; il croit sans doute que je passe de son côté et sort