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vaux, des fantassins se la brûlaient pour ne pas rester au pouvoir de l’ennemi ; tous étaient pêle-mêle. Je me voyais pour la seconde fois dans une déroute pareille à celle de Moscou : « Nous sommes trahis ! » criaient-ils. Ce grand malheur nous venait de notre aile droite enfoncée ; l’Empereur ne vit le désastre qu’arrivé à Jemmapes.

L’Empereur quitta Jemmapes et se dirigea sur Charleroi où il arriva entre 4 et 5 heures du matin ; il donna des ordres pour tous ses équipages avec injonction de se retirer sur Laon, partie par Avesnes, partie par Philippeville, où il entra vers 10 heures. Des officiers furent encore envoyés au maréchal Grouchy avec l’ordre de se porter sur Laon. L’Empereur descendit au pied de la ville ; là il eut une grande discussion avec les généraux admis à son conseil ; les uns voulaient qu’il restât à son armée ; les autres, qu’il partît sans différer pour Paris, et il leur disait : « Vous me faites faire une sottise, ma place est ici. »

Après qu’il eut donné ses ordres et fait son bulletin pour Paris, arrive un officier qui annonce une colonne ; l’Empereur envoie la reconnaître ; c’était la vieille garde qui revenait en ordre du champ de bataille. Lorsque l’Empereur apprit cette nouvelle, il ne voulait plus partir pour Paris, mais il y fut contraint par la majorité des généraux ; on lui avait apprêté une vieille carriole, et des charrettes pour son état-major. Il