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voir s’ils n’étaient pas fortifiés ; de retour, il dit n’avoir rien vu. Le maréchal Ney arriva, et fut tancé de n’avoir pas poursuivi les Anglais, car il ne se trouvait aux Quatre-Bras que les sans-culottes[1]. — « Partez, Monsieur le Maréchal, vous emparer des hauteurs ; ils sont adossés près du bois. Lorsque j’aurai des nouvelles de Grouchy, je vous donnerai l’ordre d’attaquer. » Le maréchal partit, et l’Empereur se porta sur une hauteur, près d’un château sur le bord de la route ; de là, il découvrait son aile gauche, au point le plus fort de l’armée anglaise. Il attendait des nouvelles de Grouchy, mais toujours en vain, et se minait ; enfin il fut trouvé près d’un château par un officier qui dit à l’Empereur : « Nous perdons un temps bien précieux ; je n’ai point vu de Prussiens sur ma route ; ils ne se battent pas. » L’Empereur fut soucieux après cette nouvelle ; je fus appelé et j’eus l’ordre d’aller un peu à droite de la route de Bruxelles pour m’assurer de l’aile gauche des Anglais qui était appuyée au bois. Je fus obligé, en descendant, de côtoyer la route à cause d’un ravin large et profond que je ne pouvais franchir, et d’un mamelon où l’artillerie de la garde était en batterie. Il faut dire que nous avions été inondés de pluie et que les terres étaient détrempées ; notre artillerie ne pouvait manœuvrer. Je passai près d’eux, et lorsque je

  1. Les Écossais, ainsi nommée à cause de leurs jambes nues.