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rapidité. Je craignais d’être grondé de ma témérité, mais pas du tout. Arrivé sur le mamelon, l’Empereur me regarde et me dit : « Si ton cheval était entier, je le prendrais. »

Il venait encore des boulets au pied du mamelon, mais nos colonnes renversèrent les Prussiens dans les fonds sur la droite ; cela dura jusqu’à la nuit. La victoire fut complète ; l’Empereur se retira fort tard du champ de bataille et revint au village près du moulin à vent. Là, il fit partir des officiers sur tous les points ; deux officiers partirent porter ordre au maréchal Grouchy de poursuivre les Prussiens à outrance, et de ne pas leur donner le temps de se rallier. C’est le comte Monthyon qui dictait ses dépêches par ordre du major général, et les officiers de service partaient de suite. Nous étions cette nuit-là tous de service ; personne ne prit de repos. Ces dépêches parties, on envoya deux officiers près du maréchal Ney, et toute cette nuit ne fut qu’un mouvement. J’eus le bonheur de passer la nuit tranquille, quoiqu’il manquât six officiers qu’on disait passés à l’ennemi.

Le lendemain, 17 juin 1815, à trois heures du matin, les ordres furent expédiés pour se porter en avant. À sept heures, nos colonnes étaient arrivées. Nous n’avions que les Anglais devant nous à cette heure ; l’Empereur envoya un officier du génie afin de reconnaître leur position sur les hauteurs de la Belle-Alliance, et pour