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nuit, il était de sa personne à la tête de son armée. Le matin, il envoya sur tous les points reconnaître la position de l’ennemi dans toutes les directions (il ne restait près de lui que le grand maréchal, le comte Monthyon et moi). Il se porta près d’un village à gauche de la plaine, au pied d’un moulin à vent, et les armées prussiennes se trouvaient en grande partie sur sa droite, mais masquées par des enclos, des massifs de bois et des fermes. « Leur position est à couvert ; on ne peut les voir », dirent tous les officiers qui arrivèrent. On donna l’ordre d’attaquer sur toute la ligne ; l’Empereur monta dans le moulin à vent, et là par un trou il voyait tous les mouvements. Le grand maréchal lui dit : « Voilà le corps du général Gérard qui passe. — Faites monter Gérard. » Il arrive près de l’Empereur : « Gérard, lui dit-il, votre Bourmont dont vous me répondiez, est passé à l’ennemi ! » Et lui montrant par le trou du moulin un clocher à droite : « Il faut te porter sur ce clocher et pousser les Prussiens à outrance, je te ferai soutenir. Grouchy a mes ordres. »

Tous les officiers de État-major partaient et ne revenaient pas ; alors l’Empereur me fit partir près du général Gérard : « Dirige-toi sur le clocher, va trouver Gérard, tu attendras ses ordres pour revenir. » Je partis au galop ; ce n’était pas une petite mission, il fallait faire des détours. Ce n’étaient que des enclos ; je ne savais