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comme un enfant. Un coup de sabre comme cela n’a pas de mérite. Tu grognes, je crois. — Oui, Sire, j’aurais dû prendre le cheval par la bride et vous le ramener. » Il fit un petit sourire, et le cheval arriva : « C’est tel régiment anglais. » Tout le monde flattait mon cheval, et un officier me pria de le lui céder : « Donnez 15 napoléons à mon domestique, 20 francs aux grenadiers, et prenez-le. »

L’Empereur dit au grand maréchal : « Mettez le vieux grognard en note ; après la campagne, je verrai. »

C’était, je crois, le 14, de l’autre côté de Gilly, que nous rencontrâmes une forte avant-garde prussienne ; les cuirassiers traversèrent cette ville d’un tel galop que les fers des chevaux volaient par-dessus les maisons. L’Empereur les regardait passer pour sortir ; ça montait raide et l’on ne peut se figurer la rapidité de cette cavalerie pour franchir la montagne ; la ville était pavée. Nos intrépides cuirassiers arrivèrent sur les Prussiens et les sabrèrent sans faire de prisonniers ; ils furent renversés sur leur première ligne avec une perte considérable ; la campagne était commencée.

Nos troupes bivouaquèrent à l’entrée de la plaine de Charleroi que l’on nomme Fleurus. L’ennemi ne pouvait pas nous voir et ne croyait pas à une armée réunie ; notre Empereur ne les croyait pas réunis non plus, et le 15 dans la