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rent le grand coup ; ils nous retinrent cent vingt-cinq francs par an sur notre Légion d’honneur, et toujours deux et demi, de manière que la demi-solde se trouvait réduite au tiers. Cette vie dura sept ans. Le général qui commandait le département fit appeler tous les officiers en demi-solde pour leur demander s’il se trouvait des officiers de bonne volonté pour conduire des déserteurs à Sarrelouis ; personne ne s’offrit. Je pris la parole : « C’est moi qui me charge de les conduire ; donnez-moi deux officiers, je ferai le voyage, mais à condition que j’irai à cheval et que les rations pour mon cheval me seront accordées. — Ça suffit », dit le général. Je partis pour Sarrelouis, mais au retour on ne me tint pas compte de mes rations, je réclamai, et j’en fus pour mes frais. Je me rendis alors chez M. Marais pour le prier de faire finir mon procès : « Je vous le promets, dit-il, je vais frapper le dernier coup ; il va être plaidé à fond sous peu. Prenez patience ; ils demandent du temps, ils ne sont pas prêts. » Pauvres plaideurs ! il faut manger son frein ; plus les procès sont longs, plus les bénéfices arrivent dans le cabinet de l’avoué.

Je pris patience ; je me rendais au café Milon ; je trouvai des groupes de vieux habitués qui parlaient politique ; ils m’abordèrent pour me demander si je savais des nouvelles : « Point du tout, dis-je. — Vous ne voulez pas parler, vous