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lui devez des excuses, il vous a écouté avec un sang calme qui est d’un homme réfléchi. »

M. Chapotin vint me serrer les mains, me prit le bras en sortant du tribunal, il voulait m’emmener chez lui dîner ; je le remerciai. Mon procès était interminable ; il fallait que les pauvres plaideurs fussent ruinés avant de terminer ; cependant dix-sept ans devaient être suffisants : « Jamais ce procès ne finira », me dit-on.

Je pars sur-le-champ pour Paris, et vais trouver le prince Cambacérès, pour lui conter que, durant que j’étais sous les drapeaux, l’on m’avait dépouillé d’un peu de bien provenant de ma mère et que ce procès durait depuis dix-sept ans : « Je ne suis plus ministre de la justice, dit-il, mais je vais vous donner une lettre pour celui qui me remplace. Vous la porterez.» Il dicta cette lettre et me la remit : « Allez, mon brave ; votre procès sera terminé. »

Arrivé chez le ministre de la justice, je lui présente ma lettre ; après lecture, il dit à son secrétaire : « Écrivez à M. Rémon, président, et à M. Latour, procureur du Roi. Allez, me dit-il, portez-leur ces lettres et justice vous sera rendue. À quel corps apparteniez-vous ? — À l’état-major de l’Empereur. — Avez-vous été en Russie ? — Oui, Monsieur le Ministre. — C’est bien, partez pour votre département. »

J’arrive à Auxerre, je vais trouver le procureur du Roi. Je lui remets ma lettre ; je trouve