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part des Russes ; on ne les voyait pas du tout. Nos pièces en batterie lâchèrent leurs bordées sur les portes et les redoutes ; les obus tombaient au milieu de la ville. Durant la canonnade, l’Empereur donnait ordre aux cuirassiers de se tenir prêts à entrer en ville, en leur indiquant les rues qu’ils devaient prendre pour chaque escadron. Puis il donna le signal ; la foudre des cuirassiers partit se mettre en bataille derrière les pièces ; on fait cesser le feu et tous se précipitèrent dans la ville. Cette charge fut si terrible qu’ils traversèrent tout, et le peuple renfermé entendant un pareil vacarme éclaira les croisées. Ce n’étaient que lumières ; on aurait pu ramasser une aiguille. L’Empereur, à la tête de son état-major, était à minuit dans Reims, et les Russes on pleine déroute. Nos cuirassiers sabrèrent à discrétion, leur hourra leur coûta cher. Si l’Empereur avait été secondé en France comme il le fut en Champagne, les alliés étaient perdus. Mais que faire, dix contre un nous avions la bravoure, non la force, il fallut succomber.

Fontainebleau fut le terme de nos malheurs ; nous voulûmes tenter un dernier effort, marcher sur Paris, mais il était trop tard ; l’ennemi était au bord de la forêt et Paris s’était rendu sans résistance. Il fallut revenir à Fontainebleau. L’Empereur se trouvait sous la faux de tous les hommes qu’il avait élevés aux hautes dignités ; ils le forcèrent d’abdiquer. Je désirais