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Le petit quartier général se porta sur Metz, et nous restâmes longtemps dans cette grande ville ; toutes les troupes prirent leurs cantonnements, et nous fumes plus de deux mois dans l’inaction. L’Empereur retirait d’Espagne une bonne partie des troupes et beaucoup d’officiers, douze cents gendarmes à pied, enfin ce qu’il put en tirer pour reformer une nouvelle armée. A Paris, il les a réunis aux gardes d’honneur, mais tout cela était bien jeune pour faire face à trois grandes puissances, à toute la confédération du Rhin. Il y avait autant de soldats ennemis contre un Français que de souverains contre Napoléon, et cependant partout où ils se sont trouvés en présence de l’Empereur, ils ont été battus. Si l’énergie de ses généraux n’avait pas ralenti, les ennemis auraient trouvé leurs tombeaux sur la terre de France, mais la fortune et les honneurs les avaient amollis. Le fardeau retombait sur le grand homme ; il était partout, il voyait tout.

Les colonnes ennemies remontaient le Rhin pour gagner la Champagne et la Lorraine. Le 27 janvier 1814, le combat de Saint-Dizier eut lieu ; ce n’était pas un combat, mais une vraie bataille, des plus acharnées. La ville fut massacrée par la fusillade et l’on pouvait compter dans les fermetures des portes et des contrevents des milliers de balles ; les arbres d’une petite place étaient criblés, toutes les maisons furent pillées,