Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/406

Cette page a été validée par deux contributeurs.

route et qui reçoit les eaux de marais considérables. Nous fûmes un moment entre deux feux ; si l’ennemi en avait profité, il fallait poser les armes. Impossible de manœuvrer, on enfonçait dans la bourbe jusqu’aux genoux. Mais on parvient à tourner la position ; les chasseurs se précipitent sur les Bavarois épouvantés qui ne purent résister un instant et furent taillés en pièces. Nous arrivâmes comme la foudre quand la cavalerie put ouvrir ses rangs, et ce fut le carnage le plus épouvantable que j’aie vu de ma vie.

Je me trouvais à l’extrême gauche des grenadiers à cheval, et je voulais suivre le capitaine : « Non, me dit-il, vous et votre cheval vous n’êtes pas de taille, vous gêneriez la manœuvre. »

J’étais contrarié, mais je me contins ; en jetant un coup d’œil à ma gauche, je vois un chemin qui longe le mur de la ville. (Hanau est entouré du côté ou je me trouvais d’une muraille très élevée qui masque les maisons.) Je m’élance au galop. Un peloton de Bavarois arrivait de mon côté, avec un bel officier à sa tête. Me voyant seul, il fond sur moi. Je m’arrête ; il m’aborde et m’envoie un coup de pointe avec sa longue épée. Je lui pare son coup du revers de mon grand sabre (que j’ai encore chez moi). Je l’aborde à mon tour et lui coupe la moitié de la tête. Il tombe comme une masse ; je prends son cheval