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main 27, on ordonna l’attaque ; la pluie tombait par torrents, mais l’élan de nos soldats n’en fut pas ralenti. L’Empereur présidait à tous les mouvements, sa garde était dans une rue sur notre gauche, et ne pouvait sortir de la ville sans être foudroyée par une redoute défendue par 800 hommes et 4 pièces de canon ; elle était à cent pas des palissades de l’enceinte.

Il n’y avait pas de temps à perdre ; leurs obus tombaient au milieu de la ville. L’Empereur fait venir un capitaine de fusiliers de la garde, nommé Gagnard (d’Avallon). Ce brave se présente devant l’Empereur, la figure un peu de travers : « Qu’as-tu à la joue ? — C’est mon pruneau, Sire. — Ah ! tu chiques ? — Oui, Sire. — Prends ta compagnie et va prendre cette redoute qui me gêne. — Ça suffit. — Tu marcheras le long des palissades par le flanc, ensuite cours dessus. Qu’elle soit enlevée de suite. »

Mon bon camarade part au pas de course par le flanc droit ; arrivée à cent pas de la barrière de la redoute, sa compagnie fait halte ; il court à la barrière. L’officier qui tenait la barre des deux portes, le voyant seul, croit qu’il va se rendre et ne bouge pas. Mon gaillard lui passe son sabre au travers du corps, et ouvre la barrière ; sa compagnie en deux sauts est dans la redoute et fait mettre bas les armes. L’Empereur, qui suivait le mouvement, dit : « La re-