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sans compter les voitures attelées de bœufs. Je fis conduire 200 chevaux à l’artillerie qui eut le choix ; la cavalerie eut le reste ; les bœufs furent envoyés au grand parc. Messieurs les juifs me montraient de l’or pour les prendre, mais moi de suite je leur détachais un coup de plat de sabre sur le dos : « Va porter cela à la cuisine ! »

Je fis si bien mon devoir que ça fit du bruit dans le cabinet du ministre prince Berthier, mon général Monthyon présent : « Ce vieux grognard fait marcher tout le monde à pied, dit-il. — Il se peut, mon prince, mais il fait conduire les chevaux à l’artillerie. — Eh bien ! je le nomme capitaine à l’état-major général de l’Empereur, et il continuera ses fonctions. »

Le soir, je rentre avec mes gendarmes à l’hôtel, près de mon général. Il se mit à rire : « Eh bien ! avez-vous fait une bonne journée ? — Oui, mon général, j’ai envoyé de bons chevaux à l’artillerie. — Allons dîner ! »

Et se mettant à table, il dit : « Capitaine, nous monterons à cheval demain. — Mais, mon général, vous dites : Capitaine… — Oui, voilà la lettre du ministre, il vient de vous nommer sur le rapport que je lui ai fait de vous ; venez embrasser votre général. Et voilà votre nomination en attendant votre lettre de service.

— Combien je suis heureux !

— Vous restez toujours près de l’Empereur,