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ils furent attelés de suite à un beau carrosse. Durant cette opération, je préparais des provisions ; d’abord dix pains de sucre, une boîte de thé considérable, des tasses superbes, et une chaudière pour faire fondre le sucre. Il y avait des provisions plein le carrosse.

À trois heures nous sortîmes de Moscou. Il n’était pas possible d’avancer ; la route était encombrée de carrosses, et tous les pillards de l’armée en avaient en profusion. À trois lieues de Moscou, une détonation se fit entendre ; la secousse fut si terrible que la terre fit un mouvement sous nos pieds. On dit qu’il y avait 60 tonneaux de poudre sous le Kremlin, avec sept traînées de poudre et des artifices plantés sur les tonneaux. Nos 700 brigands, pris mèche à la main, subirent leur sort. C’étaient tous des galériens.

Il y avait donc sur la route 12 lieues de carrosses. Lorsque nous eûmes atteint l’endroit de notre premier gîte, j’en avais assez du carrosse ; je fis mettre toutes nos provisions sur nos chevaux, et brûler la voiture. Dès lors, nous pouvions passer partout. Ce fut avec des peines inouïes que nous rejoignîmes le quartier général au delà de Mojaïsk. Le lendemain, l’Empereur traversa le champ de bataille de la Moscowa, et gémit de voir encore les cadavres sans sépulture. Le 31 octobre, à quatre heures de l’après-midi, il atteignit Wiazma. L’hiver russe