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l’armée ne fit cesser ce brigandage. C’était déplorable à voir.

Je fus envoyé pour porter des ordres au prince Murât, dans un village, à 18 ou 20 lieues de Moscou. Je tombe dans une déroute de cavalerie ; les nôtres, montés à poil nu, avaient été surpris au pansement de leurs chevaux. Je ne pus voir le prince Murât ; il s’était sauvé en chemise. C’était pitié de voir ces beaux cavaliers se sauver. Je demandai le prince : « Il est pris, me disaient-ils ; ils l’ont pris au lit. » Et je ne pouvais rien savoir. L’Empereur le sut de suite par les aides de camp de Nansouty, et, arrivant de cette pénible mission, je trouvai l’armée en route pour venir au secours de Murât. J’étais moitié mort, et mon cheval ne pouvait plus marcher, heureusement mon domestique s’en était procuré deux bons, et je fus remonté. Le 24 octobre, l’Empereur assiste à la bataille de Malojaroslawetz. Nous arrivâmes le 26 octobre sur les hauteurs de la Luja. L’Empereur, de la Luja, rétrograda sur Borowsk. Il avait donné l’ordre, pour le 23, de faire partir de Moscou sa maison, tous ses bureaux, et de rejoindre à Mojaïsk. On ne peut se faire une idée de la rapidité de l’exécution des ordres ; les préparatifs furent terminés dans trois heures. Nous arrivâmes chez notre princesse ; là nous trouvâmes de bons chevaux qu’on avait cachés dans une cave. Nous en fîmes monter deux superbes, et