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la fois. On dit que tous les galériens étaient du nombre, ils avaient chacun leur rue, et sortant d’une maison, ils mettaient le feu dans l’autre. Nous fûmes obligés de nous sauver sur des places immenses et des jardins considérables. Il en fut arrêté 700, mèche à la main, qui furent conduits dans les souterrains du Kremlin. Cet incendie était effroyable par un vent qui enlevait les tôles des palais et des églises ; tout le peuple et les troupes se trouvaient sous le feu. Le vent était terrible, les tôles volaient dans les airs à deux lieues. Il y avait à Moscou 800 pompes, mais on les avait emmenées.

À onze heures du soir, nous entendîmes crier dans les jardins ; c’étaient nos soldats qui dévalisaient les dames de leurs châles et de leurs boucles d’oreilles ; nous courûmes faire cesser ce pillage. On pouvait voir de deux à trois mille femmes, en groupes, avec leurs enfants sur les bras, qui contemplaient les horreurs de l’incendie, et je puis dire que je ne leur vis pas verser une larme. L’Empereur fut forcé de s’éloigner le 16 au soir pour aller s’établir, à une lieue de Moscou, au château de Pétrowskoï ; l’armée sortit aussi de la ville qui resta livrée sans défense au pillage et à l’incendie. L’Empereur séjourna quatre jours à Pétrowskoï pour y attendre la fin de l’embrasement de Moscou ; il y rentra donc le 20 septembre et alla de nouveau habiter le Kremlin qui fut préservé du feu. Le grand état-