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des flammes ; ils continuèrent ainsi pendant 40 lieues, faisant brûler sans pitié leurs chaumières encombrées de leurs blessés, que nous trouvions réduits en charbons. Pas une baraque ne restait sur notre route ; quant à leurs blessés, les amputations étaient bien faites, les bandes bien posées, mais ils les envoyaient ensuite dans l’autre monde, et s’ils n’avaient pas le temps de leur donner la sépulture, ils les laissaient en piles à nos regards. C’était un tableau déchirant. L’Empereur, après avoir consacré une partie de la journée du 6 septembre à reconnaître la position de l’ennemi, envoya des ordres pour la bataille qui devait se livrer le lendemain ; elle est connue sous le nom de bataille de la Moscowa. Pour déboucher dans la plaine où étaient les Russes, il fallait sortir d’un bois. Dès le début, on trouvait à droite de la route, une grande redoute qui foudroyait tout ce qui débouchait ; il fallut des efforts inouïs pour la prendre. Les cuirassiers l’enlevèrent, et alors les colonnes débordèrent dans la plaine. La grande réserve était placée à gauche de la grande route, et l’on ne pouvait découvrir les colonnes en bataille ; ce n’étaient que des osiers en taillis, et des bouquets de bois. La nuit fut employée à se mettre en mesure ; au petit jour, tous furent sur pied, et l’artillerie commença des deux côtés. L’Empereur fit faire un grand mouvement à sa réserve, et la fit passer à droite de la grande route,