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restâmes pour attendre les munitions. Les chaleurs excessives jointes à des privations de tous genres occasionnèrent des dyssenteries qui amenèrent des pertes considérables dans l’armée. L’Empereur quitta Witepsk dans la nuit du 12 août ; tous les corps composant l’armée directement sous ses ordres se trouvèrent ainsi réunis le 14 août sur la gauche du Dnieper, et se portèrent à marches forcées sur Smolensk, place forte à environ 32 lieues ; l’investissement fut achevé le 17 août au matin. Napoléon ordonna d’attaquer sur toute la ligne vers deux heures de l’après-midi, la bataille fût des plus sanglantes. Lorsqu’elle fut engagée, je fus appelé près de lui : « Tu vas partir de suite pour Witepsk avec cet ordre qui enjoint à tous, de telle arme qu’ils soient, de te prêter main forte pour desseller ton cheval. Aux relais, tous les chevaux sont à ta disposition en cas de besoin, sauf les chevaux d’artillerie. Es-tu monté ? — Oui, Sire, j’ai deux chevaux. — Prends-les. Lorsque tu auras crevé l’un, tu prendras l’autre ; mets dans cette mission toute la vitesse possible. Je t’attends demain ; il est trois heures, pars. »

Je monte à cheval ; le comte Monthyon me dit : « Ça presse, mon vieux, prenez votre second cheval en main, et vous laisserez le premier sur la route. — Mais ils sont sellés tous les deux. — Laissez votre meilleure selle à mes domestiques, ne perdez pas une minute. »