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dans un pré. Voilà mes soldats qui prennent leurs gamelles et vont traire les vaches pour les remplir ; il fallut les attendre. Le soir, ils campaient toujours avant la nuit, et, toutes les fois qu’ils trouvaient des vaches, il fallait s’arrêter. Comme c’était amusant pour moi ! Enfin, j’arrivai dans des bois très éloignés des villes, des parties considérables se trouvaient détruites par les flammes. Une forêt incendiée longeait ma droite, et je m’aperçois qu’une partie de mes troupes prend à droite dans ce bois brûlé. Je pars au galop pour les faire rentrer sur la route. Quelle est ma surprise de voir ces soldats faire volte-face et tirer sur moi ! Je suis contraint de lâcher prise. C’était un complot des soldats de Joseph Napoléon, tous Espagnols. Ils étaient 133 ; pas un seul Français ne s’était mêlé avec ces brigands. Arrivé près de mon détachement, je leur fais former le cercle, et leur dis : « Je suis forcé de faire mon rapport ; soyez Français et suivez-moi. Je ne ferai plus l’arrière-garde, cela vous regarde. Par le flanc droit ! »

Je sors de cette maudite forêt le même soir, et j’arrive près d’un village où était une station de cavalerie avec un colonel qui gardait l’embranchement pour diriger les troupes de passage. Arrivé près de lui, je fais mon rapport ; il fait camper mon bataillon, et, sur les indications que je lui donne, il fait venir des juifs et son interprète ; il juge par la distance de mes déser-