contre de pareils soldats ? Je me disais : « Ils vont tous déserter ! »
Ils marchèrent pendant deux heures ; la tête de mon bataillon trouvant à gauche de la route un rond-point où il n’y avait pas de bois, ils s’y établissent de leur chef ; la queue arrivait que les feux étaient déjà allumés. Jugez de ma surprise : « Que faites-vous là ? Pourquoi ne marchez-vous pas ? — C’est assez marché, nous avons besoin de repos et de manger. »
Les feux s’établissent et les marmites aussi ; à minuit, voici l’Empereur qui passe avec son escorte ; voyant mon bivouac bien éclairé, il fait arrêter et me fait venir près de sa portière : « Que fais-tu là ? — Mais, Majesté, ce n’est pas moi qui commande, c’est eux. Je faisais l’arrière-garde, et j’ai trouvé la tête du bataillon établie, les feux allumés. J’ai déjà beaucoup de déserteurs qui sont retournés à Vilna avec leurs deux rations. Que faire seul avec 700 traînards ? — Fais comme tu pourras, je vais donner des ordres pour les arrêter. »
Il part, et moi je reste pour passer la nuit avec ces soldats indociles, regrettant mes galons de sergent. Je n’étais pas au bout de mes peines. Le matin, je fais battre l’assemblée, et au jour le rappel, et de suite en route, en leur signifiant que l’Empereur allait faire arrêter les déserteurs. Je marche jusqu’à midi, et, sortant du bois, je trouve un parc de vaches qui paissaient