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le centre, alignement ! Guides, à vos places ! » Je rectifie l’alignement, et vais me placer à la droite de mon bataillon. Le comte Monthyon va trouver l’Empereur ; ils descendent et l’on me fit signe d’approcher. L’Empereur me demande : « Combien te manque-t-il de cartouches ? — 373 paquets, Sire. — Fais un bon pour tes cartouches et un bon pour deux rations de pain et de viande. Fais porter les armes, par le flanc droit, et conduis-les sur la place ; je vais les faire garder. Et de suite au pain, à la viande et aux cartouches ! »

Toutes les issues de la place étaient gardées ; mes faisceaux formés. Je prends mes hommes de corvée, je vais aux cartouches et les distribue. Puis, je vais au pain et à la viande. À sept heures, toutes les distributions étaient terminées ; j’étais mort de besoin ; j’allai me restaurer et préparer mon beau cheval ; je choisis un soldat à cheval démonté pour me servir de domestique. Je reçois l’ordre de partir à huit heures.

Au sortir de Vilna, nous nous trouvons engouffrés dans des forêts. Je quitte la tête de mon bataillon pour me porter derrière et faire suivre tous ces traînards, en plaçant mon petit musicien à la droite pour marquer le pas. La nuit venue, je vois de mes déserteurs se glisser dans le fourré sans pouvoir les faire rentrer, vu l’obscurité. Il fallait mordre son frein ; que faire