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Après avoir bu notre bouteille de vin, nous arrivâmes devant la compagnie ; mon capitaine me prenant la main dit : « Je suis content. » Je fus comblé d’éloges. Arrivé à Courbevoie, la table de mes camarades était servie ; mon chef de cuisine n’avait rien négligé et la distribution du vin était faite : un litre et 25 sous par homme ; les sous-officiers, un jour de paie (43 sous) ; les caporaux, 33 sous. La gaîté était sur toutes les figures.

Le lendemain, je repris mes pénibles travaux ; je poussais mes cinquante vélites et mes consignés, je prenais mes leçons d’écriture le soir, sans compter la surveillance du réfectoire et la propreté de la caserne. Et jamais en défaut ! Je me disais : « Je tiens mon bâton de maréchal, je serai le vétéran de la caserne sur mes vieux jours. » Je me trompais du tout au tout ; je n’étais pas à la moitié de ma carrière, je n’avais encore qu’un lit de roses et il m’était réservé d’en défricher les épines.

Il arrivait des grenadiers pour mettre les régiments au grand complet, et pour réformer les vieux qui ne pouvaient plus faire campagne. On formait deux compagnies de vétérans de la garde qui se trouvaient heureux de faire un service si doux. Tous les jours, il arrivait des hommes superbes ; je leur faisais faire l’exercice, et les adjudants-majors, la théorie. Ils poussèrent les vélites si rapidement que l’Empereur les reçut