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LES CAHIERS

nœuvre dans la forêt ? Fais-le venir que je le voie ! »

Le major me fait sortir du rang et me présente : « C’est donc toi, dit l’Empereur, qui fais retentir la forêt. Tu commandes bien, mais tu t’es trompé. — Oui, Sire, j’ai oublié pas accéléré. — C’est cela. Fais attention une autre fois ! »

Le major lui dit : « Il s’en est donné un coup de poing dans la tête. — Fais-le instructeur des deux régiments. Qu’il soit secondé par deux caporaux instruits. Tu prendras les cinquante plus anciens vélites, et tu les feras manœuvrer deux fois par jour ; tu les pousseras à la théorie, et dans deux mois je les verrai. Tâche qu’ils soient forts et capables de faire des officiers. »

M. Belcourt arrive vers nous : « Hé bien ! il nous en a taillé de l’ouvrage. Nous voilà consignés pour deux mois, mais nous n’avons pas besoin de nous donner au diable, nous en viendrons bien à bout. Êtes-vous content ? me dit-il. — Je me rappellerai de la forêt de Fontainebleau. »

Le soir, on fit la curée du cerf aux flambeaux, dans la cour d’honneur garnie de beaux balcons où toute la cour assistait. C’était un coup d’œil magnifique, cette meute de deux cents chiens en bataille derrière une rangée de valets qui les maintenaient fouet à la main. Au signal donné pour découdre, l’homme découvrait le cerf de sa peau ; les cors annonçaient le pillage, et tous fondaient sur leur proie. Ces deux