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LES CAHIERS

vos vingt hommes du vin. Mettez-vous là ! je vais aller faire patienter votre peloton et je les ferai rafraîchir à leur tour. »

Ces deux verres de vin me firent du bien, et mes grenadiers furent servis chacun d’un demi-litre ; qu’ils étaient contents d’avoir bu du vin de l’Empereur !

Après quelques jours de repos, la vieille garde donna une fête des plus brillantes à l’Empereur au Champ de Mars, toute la cour y prit part. Des manœuvres furent exécutées devant elle, et le soir, aux flambeaux, on nous donna des cartouches d’artifice de toutes les couleurs. Après avoir fait en l’air des feux de peloton et de bataillon, on nous fit former le carré devant le grand balcon de l’École militaire où la cour était à nous contempler. Le signal donné, ce carré immense commence son feu de file en l’air, jamais on n’avait vu de pareille corbeille de fleurs : la garde était couronnée d’étoiles ; tout le monde tapait des mains. Je puis dire que c’était magnifique.

L’Empereur et toute sa cour partirent pour Saint-Cloud ; là, il se plaisait parce qu’il y avait du gibier de toutes les espèces : chevreuils, et surtout des gazelles, animal plus fin et plus délicat. L’Empereur se plaisait tous les soirs à mener son épouse dans le parterre de la porte du haut. Je m’y trouvai par hasard ; les voyant paraître, je voulus me retirer, mais sur un signe