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LES CAHIERS

Toute la vieille garde était sous les armes pour protéger le cortège, et nous avions tous la fringale de besoin : nous reçûmes chacun vingt-cinq sous et un litre de vin. Après les réjouissances, l’Empereur partit avec Marie-Louise. Le 1er juin, ils rentrèrent à Paris ; la ville leur offrit une fête et un banquet des plus brillants à l’Hôtel de Ville. Je me trouvais de service pour commander un piquet de vingt hommes dans l’intérieur, en face de cette belle table en fer à cheval, et mes vingt grenadiers, l’arme au pied, devant ce banquet servi tout en or et viandes froides. Autour du fer à cheval, des fauteuils ; le grand était au milieu qui marquait la place de l’Empereur. Le cortège fut annoncé ; le général vint me placer et me donner ses instructions.

Le maître des cérémonies annonce : l’Empereur ! Il paraît suivi de son épouse et de cinq têtes couronnées. Je fais porter et présenter les armes ; puis je reçus l’ordre de faire reposer l’arme au pied. J’étais devant mon peloton en face de l’Empereur ; il se met à table le premier et fait signe de prendre place à ses côtés. Ces têtes couronnées assises, la table est desservie, tout est enlevé et disparaît, les découpeurs sont à l’œuvre dans une pièce à côté. Derrière chaque roi ou reine, trois valets de pied à un pas de distance ; les autres correspondaient avec les découpeurs et passaient les assiettes, sans