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digne de vous ; placez-les où il en manquera, vous aurez suppléé à mes faibles moyens. »

Je ne voulus jamais la revoir ; les instances furent inutiles.

Étant débarrassé de ma belle conquête, je me reportai sur mes écritures et théories sans relâche pendant six mois, ne sortant de la caserne que pour monter ma garde (et toujours mon École de bataillon dans ma poche pour apprendre les manœuvres qui concernaient mon grade). Je surmontai toutes les difficultés dans la pratique. L’Empereur donna l’ordre de faire manœuvrer les sous-officiers et caporaux seuls, à l’aide de perches représentant les sections. Pour former le peloton, l’homme de section prenait les deux bouts de chaque perche ; pour rompre, le caporal reprenait le bout de sa perche. On nommait cela manœuvre a la perche ; elle donnait du repos à tous les grognards. M. Belcourt nous commandait et on fit des progrès sensibles en arpentant la belle cour de la caserne de Courbevoie ; avec cent hommes, on faisait les grandes manœuvres comme un régiment complet.

L’Empereur nous fit former le carré ; après une manœuvre d’une heure, il fut content, et donna l’ordre de ne plus la faire que deux fois par semaine. Il fallait que tous les sergents et caporaux commandassent. Lorsque ce fut à mon tour, je fus dans la joie de pouvoir montrer à mes