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LES CAHIERS

entendus, elle partit avec sa femme de chambre et je rentrai à la caserne un peu en désordre ; un de mes camarades me dit : « Vous avez un bas de travers, on dirait un faux mollet. — C’est vrai, dis-je un peu confus, je vais m’en défaire de suite. »

Rentré dans ma chambre, je me déshabille et j’ôte les maudits mollets qui m’avaient mis à la torture pendant vingt-quatre heures ; je n’en ai jamais portés depuis.

Je continuai de voir ma belle et spirituelle dame les jours indiqués, mais la tâche était plus forte que mes forces et j’avais trouvé mon maître, il aurait fallu capituler. Elle me donna le moyen de battre en retraite : je reçus une lettre par laquelle elle désirait connaître mon style. Il fallait que je lui réponde à l’adresse indiquée. Je me trouvai dans un grand embarras, ne sachant que très peu écrire ; enfin je me décide et fais de mon mieux. Les phrases ne répondaient pas à tous les désirs qu’elle attendait de moi, et elle me fit des reproches mérités sur mon manque d’éducation : « Je n’ai pas trouvé dans votre lettre ce que je désirais, dit elle ; d’abord point d’orthographe, peu de style. »

Je lui répondis de suite : « Madame, je mérite le reproche que vous me faites, je m’y résigne. Si vous voulez une lettre parfaite, je vous écrirai les vingt-cinq lettres de l’alphabet avec tous les points et virgules qu’il faut pour une lettre