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auprès de sa maîtresse, dans un beau salon, où je fus reçu par une des deux dames qui étaient près de moi chez mon capitaine, et qui était dans un négligé des plus galants. Je ne me possédais pas. « Allez ! dit-elle à sa femme de chambre. »

Me voyant seul avec cette belle dame, j’étais confus et muet ; elle me prit le bras et me fit passer dans sa chambre à coucher. Il y avait là tous les rafraîchissements désirables, du vin sucré et tous les réconfortants possibles ; c’est par là qu’elle débuta avec moi. La conversation s’engagea sur ses intentions à mon égard ; elle me dit qu’elle avait jeté ses vues sur moi, mais qu’elle ne pouvait pas me recevoir chez elle : « Si vous êtes mon fait, je vous donnerai une adresse où nous nous réunirons trois fois par semaine. Je vais à l’Opéra, et sur cette place vous aurez une chambre prête. En descendant de voiture, j’irai vous rejoindre pour passer la soirée. — Je n’y manquerai pas. — Faites monter votre garde à tout prix, c’est moi qui paie. » Elle me poussait par le vin et le sucre ; je vis par ses manières agaçantes qu’il fallait payer de ma personne, et sautant sur une de ses mains : « Vous pouvez, lui dis-je, disposer de moi. » Me menant vers sa bergère, il fallut donner des preuves de mon savoir-faire ; elle me montra son beau lit qui était garni de glaces au plafond et au pourtour, jamais je n’avais vu de pareille