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LES CAHIERS

passé dans la plaine de Wagram. À midi, toute notre armée était en ligne avec sept cents pièces de canon en batterie ; les Autrichiens en avaient autant. On ne s’entendait pas. C’était drôle de nous voir faire face à Vienne, et les Autrichiens tourner le dos à leur capitale ; on peut dire à leur louange qu’ils se battirent en déterminés. On vint dire à l’Empereur qu’il fallait remplacer la grande batterie de sa garde, que les canonnier étaient détruits : « Comment ! dit-il, si je faisais relever l’artillerie de ma garde, l’ennemi s’en apercevrait et redoublerait d’efforts pour percer mon centre. De suite, des grenadiers de bonne volonté pour servir les pièces ! »

Vingt hommes par compagnie partirent aussitôt ; on fut obligé de faire le compte ; tous voulaient y aller. On ne voulut pas de sous-officiers, rien que des grenadiers et des caporaux. Les voilà partis au pas de course pour servir la batterie de cinquante pièces ; sitôt arrivés à leur poste, les coups de canon se firent entendre, l’Empereur prit sa prise de tabac et se promena devant nous. Pendant ce temps, le maréchal Davoust s’empare des hauteurs et rabattait l’ennemi sur nous, en filant sur le grand plateau, pour leur couper la route d’Olmutz. L’Empereur voyant le maréchal lui faire face, n’hésita pas à faire partir tous les cuirassiers en une seule masse pour enfoncer leur centre ; cette masse s’ébranle, passe devant nous ; la terre tremblait