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épaulettes. » Tous les corps reçurent l’ordre du départ pour se rendre le 5 juillet dans l’île Lobau. Le bonheur voulut que le prince Eugène avec l’armée d’Italie arrivât pour le passage du Danube le 6 juillet, à dix heures du matin. Tout fut réuni dans la même plaine.

L’Empereur avait fait faire des radeaux qui pouvaient contenir deux cents hommes, pour prendre une île occupée par les Autrichiens qui gênaient son mouvement ; il ne pouvait passer sans être vu de l’armée autrichienne. Tous les préparatifs étaient prêts, les voltigeurs et les grenadiers sur leur radeau, avec le général Frédéric : on les lâcha à minuit sonné pour être dans son droit, la trêve finissant le 6 juillet. Voilà la pluie qui tombe par torrents ; les soldats autrichiens vont se mettre dans leurs abris ; nos radeaux arrivent en travers de l’île sur le sable. N’ayant d’eau qu’aux mollets, on la prit sans brûler une amorce : tous les Autrichiens furent faits prisonniers et alors l’ennemi ne put voir notre mouvement. Deux mille sapeurs furent chargés de faire avec le génie un chemin pour faire passer les pontons et l’artillerie, les arbres qui gênaient le passage fondaient sous la hache et la scie. Au jour, nous étions à trois lieues au-dessous des travaux de l’ennemi et des nôtres sans que l’ennemi s’en doutât. Dans un quart d’heure, trois ponts étaient établis, et à dix heures du matin, cent mille hommes avaient