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ville dans un état de misère et de fatigue complet (ni rasés ni brossés). Sortis de Versailles, nous pensions trouver des voitures. Pas du tout ! il fallut faire le voyage à pied pour aller coucher à Courbevoie, où morts de faim et de fatigue nous reçûmes des vivres et du vin.

Le lendemain fut employé à nous rapproprier, nous passâmes au magasin de linge et de chaussures, et le surlendemain l’Empereur nous passa en revue. Puis nous partîmes de suite, mais on nous fit une petite galanterie en nous faisant monter dans des fiacres qui avaient tous été mis en réquisition. Quatre grenadiers par fiacre avec nos sacs et nos fusils, c’était suffisant. Arrivés à Claye, on fit manger l’avoine à ces mauvaises rosses, et nous régalâmes notre cocher ; nous repartîmes par la même voiture. Et toujours le dîner sur la table partout !

Nous arrivâmes à la Ferté-sous-Jouarre où les grosses voitures de la Brie, avec de gros chevaux et de bonnes bottes de paille, nous attendaient (12 hommes par charrette). Ces maudites routes avaient des ornières profondes et de grosses pierres ; les cahots nous assommaient, nous culbutaient les uns sur les autres. Dieu, quelles souffrances !

Nous faisions toujours nos 25 et 26 lieues par jour. Arrivés en Lorraine, nous trouvâmes de petits chevaux légers et de petites voitures basses qui nous menaient ventre à terre ; ils passaient