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LES CAHIERS

la ligne. Aussi, il fallait bien préciser le commandement de marche, comme celui de halte, sur le pied gauche. De ces savantes manœuvres, je n’en perdis pas une syllabe. Je ne sortais pas de ma caserne.

À la fin d’août, l’Empereur fit faire de grandes manœuvres dans la plaine de Saint-Denis, des revues souvent. Nous nous aperçûmes qu’il prenait ses mesures pour rentrer en campagne. Les cartes se brouillaient du côté de Madrid.

Jusqu’au mois d’octobre 1808, nous eûmes le temps de faire la belle jambe à Paris, de passer de belles revues, de faire des cartouches, et moi de me fortifier dans mon écriture et ma théorie. Le général Dorsenne passait des inspections tous les dimanches ; il fallait voir ce général sévère visiter les chambres, passer le doigt sur la planche à pain. Et s’il trouvait de la poussière, quatre jours de salle de police pour le caporal ! Il levait nos gilets pour voir si nos chemises étaient blanches, il regardait si nos pieds étaient propres, si nos ongles étaient faits, et jusque dans nos oreilles. Il regardait dans nos malles pour s’assurer qu’elles ne renfermaient pas de linge sale ; il regardait sous les matelas ; il nous faisait trembler. Tous les quinze jours, il venait avec le chirurgien-major nous visiter dans nos lits. Il fallait se présenter en chemise, et défense de se soustraire à cette visite sous peine de prison ! S’il en trouvait qui avaient attrapé du mal,