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LES CAHIERS

Il n’y eut que M. Belcourt qui fut accroché par des grandes herbes qui traînent en deux eaux et qui s’entortillèrent autour de ses jambes, mais il fut secouru de suite par les bateliers, et il passa comme les autres. Arrivés de l’autre côté dans une île, les voilà à faire feu. L’Empereur part au galop, fait le tour et arrive ; il fait de suite donner du bon vin aux grognards et les fit repasser dans les barques. Il y eut distribution de vin pour tout le monde et vingt-cinq sous pour les nageurs. Il prit aussi fantaisie à l’Empereur de faire traverser la Seine à un escadron de chasseurs à cheval, en face des Invalides, avec armes et bagages, dans la même place qu’occupe le pont aujourd’hui. Ils passèrent sans accident et arrivèrent dans les Champs-Élysées ; l’Empereur fut ravi, mais les chasseurs et leurs bagages furent mouillés.

Je me multipliais dans mes fonctions de caporal : deux leçons par jour et une de mes deux vélites, sans compter ma théorie qu’il fallait réciter tous les jours. Je la savais en partant de l’endroit où je venais de l’apprendre, mais arrivé devant M. Belcourt, je ne savais plus le premier mot : « Eh bien ! disait-il… Allons, remettez-vous ! — Je la savais cependant. — Eh bien, voyons ! — J’y suis. »

Et je récitais sans manquer : « C’est cela, disait-il. Ça viendra. Demain, pas de théorie, nous apprendrons le ton du commandement. »