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au bas du grand perron et lui présenta la main, mais elle ne put le faire plier. J’eus le bonheur de me trouver le soir de faction au pied du perron pour la voir de près, et, le lendemain à midi, je me trouvais à mon même poste ; je la contemplai. Quelle belle figure, avec un port de reine ! à trente-trois ans, j’aurais donné une de mes oreilles pour rester avec elle aussi longtemps que l’Empereur. Ce fut la dernière faction que j’ai faite comme soldat.

Le général Dorsenne reçut alors l’ordre de nous faire distribuer des souliers et des chemises dans les magasins russes et prussiens, et de nous passer l’inspection, l’Empereur devant passer la revue de sa garde avant de partir. Tout fut mis en mouvement ; nous trouvâmes de tout dans cette belle ville. En propreté rien ne peut la rivaliser ; les dames françaises n’ont qu’à y passer pour voir des appartements brillants ; pelles, pincettes, entrées de portes, balcons, tout reluit ; il y a des crachoirs dans tous les coins d’appartements, et du linge blanc comme neige. C’est un modèle de propreté. La distribution de linge et de chaussures faite, le général fit prévenir les capitaines de passer leur inspection par compagnie ; à onze heures sur la place, on devait passer la revue. Le capitaine Renard fut trouver l’adjudant-major, M. Belcourt, pour s’entendre avec lui à mon sujet ; ils me firent venir pour me dire que j’allais passer caporal dans ma