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leur aise recommencèrent à manger de plus belle. Nous voilà à les pousser en viande et en boisson, et comme ils ne peuvent plus manger tant de rôtis servis sur la table, que font-ils ? Ils mettent leurs doigts dans leurs bouches, rendent leur dîner en tas entre leurs jambes, et recommencent comme de plus belle. C’était dégoûtant à voir de pareilles orgies ; ils firent ainsi trois cuvées dans leur dîner. Nous reconduisîmes le soir ceux que nous pûmes emmener ; une partie resta dans ses vomissements sous les tables.

Un de nos farceurs voulut se déguiser en Russe, et fit quitter à un d’eux l’uniforme ? ils échangèrent et partirent bras dessus bras dessous. Arrivés dans la belle rue de Tilsitt, notre farceur quitte le bras de son Russe (habillé en Français), et va pour épancher de l’eau. Aussitôt fini, il court pour rejoindre et rencontre un sergent russe, auquel il ne fait pas de salut, et qui lui applique deux coups de canne sur les épaules. Se voyant frappé, il oublie son déguisement, saute sur le sergent, le terrasse, il l’aurait tué, si on l’avait laissé faire, sous le balcon des deux empereurs qui regardaient la troupe joyeuse. Cette scène les fit bien rire ; le sergent russe resta sur place et tout le monde fut content, surtout les soldats russes.

Lorsque l’Empereur eut terminé ses affaires, il fit ses adieux à l’empereur de Russie, et par-